Laurence Grandjean, 31 ans de carrière dans l’Éducation Nationale et directrice de l’école Laurentine Proust de Château-du-Loir durant 15 années, a dit “au revoir” à ses élèves une dernière fois.
Trier les crayons de couleur, ranger les livres dans la bibliothèque, remettre correctement les petites chaises à leur place et revoir les derniers préparatifs administratifs pour la rentrée prochaine. C’est une routine de fin d’année scolaire que Laurence Grandjean ne connaîtra plus.
Directrice de l’école maternelle Laurentine Proust de Montval-sur-Loir depuis 15 ans, mais avant tout maîtresse d’école pendant 31 ans, Laurence Grandjean part en retraite.
Le rêve d’une petite fille
Comme toutes les petites filles, Laurence a toujours voulu devenir maîtresse des écoles.
“À l’âge de 5 ans, dès que j’ai mis un pied dans l’école, j’ai tout de suite su que c’était ce que je voulais faire”.
A l’époque, il suffisait d’avoir son bac pour passer le concours, “mais malheureusement, je l’ai échoué”, confie Laurence. Originaire de Chinon, elle a suivit des études de biologie à l’université de Tours. “J’ai rencontré mon mari, j’ai eu mon premier fils, et je suis devenue laborantine”, résume-t-elle. D’abord à Châtellerault puis au laboratoire d’analyses de Château-du-Loir, elle n’a jamais perdu l’envie de devenir maîtresse des écoles.
“Je me souviens que c’était un crève-cœur à chaque rentrée”.
Ne perdant pas de vue son rêve, Laurence a donc décidé de repasser le concours et l’a bien entendu obtenu : “J’ai effectué ma première année à Montoire, dans le Loir-et-Cher. Je faisais des remplacements dans des petites écoles pour les niveaux élémentaires”. Après cette première année de remplacements successifs, Laurence Grandjean a été envoyée en Sarthe ; une année au Grand-Lucé, une autre à Dissay-sous-Courcillon, et une dernière au Gué-de-Mézières, avant d’effectuer une longue partie de sa carrière à la Bruère-sur-Loir.
Chargée d’école puis directrice
Laurence est arrivée en 1996 à l’école maternelle de la Bruère-sur-Loir où elle y passera 13 années.
“J’étais chargée d’école. J’ai adoré le fonctionnement du Sivos. On se retrouvait avec les autres maîtresses au moins une fois par semaine pour parler de nos projets. Les familles et les enfants ont été adorables”, se souvient la nouvelle retraitée, émue.
Par la suite, Laurence eut l’opportunité de devenir directrice de l’école Laurentine Proust en 2007. En charge des petites et moyennes sections, Laurence a vu l’école s’agrandir au rythme de l’épanouissement de ses élèves : “Quelque temps après mon arrivée, les travaux d’agrandissement ont vu naître une cantine, une garderie, et une seconde cour avec préau”.
Une ouverture culturelle aux enfants
Tous les trois ans, la directrice de l’école devait rédiger des projets scolaires. Dans un contexte de problématiques liées aux territoires ruraux, Laurence a toujours privilégié l’ouverture culturelle :
“J’ai adoré emmener les enfants assister à des spectacles, au cinéma, à la bibliothèque. Tous les enfants n’ont pas la chance d’avoir des parents qui les emmènent faire ce genre de sorties. D’autant plus sur notre territoire. Je trouve important de les éveiller à un si jeune âge au monde de la culture. Mais tout cela aurait été impossible sans l’aide de l’équipe de Sophie Jousse”, directrice des affaires culturelles de la Ville qui propose des programmations de spectacles à destination des touts petits.
En 31 ans de carrière, au-delà du contact avec les enfants de 3 à 5 ans, Laurence avoue avoir apprécié le travail en équipe : “A Château-du-Loir, comme nous sommes deux maîtresses, c’était plus simple de coordonner des projets”, notamment en mutualisant les projets de spectacles, de carnaval, de chants et plus globalement de sorties, avec les autres maternelles de l’école du Grand-Douai.
Factrice pendant le Covid
En tant que maîtresse, Laurence a de nombreuses anecdotes sous le coude. Mais celle qui l’a plus marqué est la plus récente : devoir continuer son rôle de maîtresse alors que l’école était fermée. Pendant le premier confinement, les parents gardaient leurs enfants à leur domicile. Les élémentaires bénéficiaient des cours en visio. Une chose impossible avec les plus petits.
“Je préparais le matériel et les documents, j’enfourchais mon vélo et j’allais livrer le travail aux enfants directement chez eux puisque les familles habitent dans le quartier”, se remémore la maîtresse.
Ce qui lui permettait entre temps de prendre des nouvelles de ses élèves : “C’était vraiment une très mauvaise période. Je me sentais inutile. Aller voir les parents et leur demander comme ça allait me réconforter”.
Une retraite bien méritée
Même si le rôle de la maîtresse a été d’apprendre aux enfants à lire, écrire et compter, développer le potentiel de chaque élève, afin de leur fournir les clés nécessaires pour leur réussite, Laurence se félicite d’une chose: “Je me souviens, à peu près, de chacun de leur nom”.
Dorénavant en retraite, Laurence annonce “prendre le temps de se reposer“, mais surtout, se consacrer à sa passion, la danse.
“Je compte faire une formation pour devenir professeur de danse, mais cette fois-ci pour les adultes”, confie-t-elle, sourire aux lèvres.
Avec un peu plus de 600 enfants qui ont bénéficié de ses précieuses leçons, Laurence quitte l’école Laurentine Proust, le cœur gros, les larmes aux yeux, mais surtout, avec le sourire aux lèvres et la satisfaction du devoir accompli.