A l’occasion des 70 ans de règne de la reine Elizabeth II, rencontre avec Pamela Witton, une anglaise habitante de Flée, dans la Sarthe. Elle nous délivre ses impressions sur la reine et sur l’avenir de la couronne britannique.
Le dimanche 6 février 2022, la reine Elizabeth II a célébré son jubilé de platine, ses 70 ans de règne sur le Royaume-Uni et le Commonwealth. Le plus long règne de la monarchie, après celui de la reine Victoria, son arrière-arrière-grand-mère, qui avait régné pendant 63 ans, de 1837 à 1901.
Le 6 février 1952, alors qu’elle était en voyage au Kenya avec son mari le prince Philip, elle apprend la mort de son père, le roi Georges VI. Elizabeth devient donc reine et est couronnée le 2 juin 1953.
Comme tous les britanniques, la reine tient une place importante dans le cœur de Pamela Witton, habitante de Flée (Sarthe), depuis quelques années maintenant.
Pamela Witton est née à Birmingham, et était professeur de français dans le secondaire. Depuis toute jeune, elle a toujours aimé la France et sa culture. C’est donc naturellement, lorsqu’elle est devenue retraitée, qu’elle a décidé de s’installer en France avec son mari. « J’ai acheté une maison à Flée, qui d’ailleurs appartenait à une anglaise. J’adore où je vis, c’est calme, les voisins sont gentils, ils nous ont aidé à nous intégrer, on a partagé de nombreux repas ensemble, ils nous ont appris les traditions. J’ai même été conseillère municipale deux fois à Flée ».
Que représente la reine Elizabeth II pour vous ?
« La reine ? Elle est irremplaçable. Elle est incroyable, tellement forte et dynamique. Elle a vécu des moments très compliqués, comme le divorce de ses trois enfants, la mort de Diana, Charles et Camilla, la mort de sa mère et de sa sœur, le scandale de son fils Andrew, et plus récemment le décès de son mari. J’ai énormément de respect pour elle. Depuis Henri VIII, le roi d’Angleterre est également devenu Chef suprême de l’Église d’Angleterre. Elle a pris ce rôle très à cœur ».
Quel a été le moment le plus important pour elle d’après vous ?
« Très certainement le jour de son couronnement, c’était un jour fantastique. Tous les britanniques ont été énormément impliqués. Je me souviens à l’école, on avait chanté, on avait reçu des souvenirs que j’ai toujours chez moi ».
« Ce qu’il faut savoir est qu’elle n’était pas supposée devenir reine. Son oncle avait abdiqué, et donc laissé le trône à son frère, le père d’Elizabeth. Je ne l’idolâtre pas, mais j’ai tellement de respect pour elle. Elle est très digne. Ma génération et peut être la suivante se souviennent que la reine et sa sœur ont participé à l’effort de guerre durant la Seconde Guerre Mondiale. Et nous, à la maison, on écoutait le Général De Gaulle à la radio. C’est peut-être pour ça que je me sens si proche de la France ».
Comment avez-vous vécu le décès du prince Philip ?
« La mort du Prince Philip ne m’a pas surprise. On savait qu’il était devenu très fragile. Il faisait très souvent des séjours à l’hôpital. C’était une personne pleine de vie, très drôle aussi. Il devait toujours prendre du recul par rapport à la reine, et il l’a toujours très bien compris. Il était son soutien ».
Comment voyez-vous le futur de la Couronne ?
« Charles a toujours eu le rôle du clown. Mais la reine lui donne de plus en plus de responsabilités, surtout par rapport aux apparences publiques. Il est très impliqué dans l’écologie. Peut-être que devenir roi le fera prendre davantage de décisions concernant ce sujet et le fera changer ».
« Je respecte la décision de la reine concernant Camilla, à savoir la désigner reine consort lorsque Charles deviendra roi. Finalement, on ne la connait pas. Depuis son mariage avec Charles, elle est toujours restée en retrait. Peut-être qu’elle a de bonnes idées. Peut-être qu’elle fera de belles choses ».
Et concernant Kate et William ?
« Pour moi, la génération suivante fait ce qui est juste. William et Kate représentent la modernité du XXIème siècle, et en même temps, ils gardent les traditions de la famille royale. Les britanniques les adorent, ils ont énormément de bonnes publicités, peu importe où ils vont ».
« William et Kate sont adorés. Ils ne sont pas arrogants, et sont très accessibles. Mon fils, qui est resté en Angleterre, a eu l’occasion de discuter avec Kate lors d’une visite de la princesse. Elle appartient au vrai monde, c’est sûrement pour ça qu’elle est autant aimée. Tous les deux comprennent les problèmes des britanniques. Ils sont très à l’écoute ».
Qu’avez-vous pensé du Brexit ?
« J’ai été tellement choqué d’apprendre que mes compatriotes ont voté en faveur du Brexit. J’ai été très contrariée aussi. Il n’aurait jamais dû arriver. C’est un désastre pour le Royaume, pour l’Europe et pour le monde. L’économie britannique est au plus bas. Surtout quand on sait que le Brexit n’est finalement qu’un tissu de mensonges organisé par Boris Johnson. Notamment sur les migrants. Ils ont tellement à nous apporter. Je me sens tellement mal par rapport à eux, car je suis une migrante moi aussi. Quand à moi, je reste en France. Je me sens vraiment bien ici ».
« La monarchie donne de la couleur au Royaume-Uni, ils font partis de notre culture. Il est clair qu’être membre de la famille royale offre certains avantages. Ils ont besoin d’être là, comme ils ont besoin d’avoir conscience de leur position ».
Des célébrations toute l’année
De l’autre côté de la Manche, les premières célébrations se tiendront du 12 au 15 mai au Windsor Home Park, au cours d’un spectacle unique baptisé le Platinum Jubilee Celebration : durant 90 minutes, 1.000 artistes et 500 chevaux réaliseront des tableaux retraçant les grands moments de l’histoire de la monarchie depuis 1952. Les grandes célébrations populaires se dérouleront à travers le Royaume-Uni et le Commonwealth du jeudi 2 juin au dimanche 5 juin 2022. Quatre jours fériés, une première dans l’histoire du pays ! D’autres festivités sont prévues toute l’année.