Pamela Witton, habitante de Flée (Sarthe) depuis de nombreuses années, est née à Birmingham il y a bientôt 82 ans. Le décès de la Reine Elisabeth II, le jeudi 8 septembre, après plus de 70 ans de règne sur le Royaume-Uni et le Commonwealth, reste un grand choc pour elle, comme pour tous les Britanniques. Rencontre avec cette Anglaise, à l’origine du jumelage entre Westbury et Château-du-Loir.
- Que faisiez-vous lorsque vous avez appris que la Reine Elisabeth II était décédée ?
PW : J’étais en train d’écouter la BBC. Je me souviens que la radio a tout de suite interrompu son programme pour nous annoncer son décès. Mais je n’étais pas surprise. Elle avait 96 ans, elle était très fatiguée, et je pense qu’elle avait des problèmes de santé. Même si on l’a vu quelques instants avant sa mort, debout avec sa canne, aux côtés de la nouvelle Première ministre Britannique, Liz Truss. Et puis, ce jour-là, toute la famille était réunie à Balmoral, et je me souviens que la Reine adorait l’Écosse. Ça faisait plusieurs mois qu’elle refusait de quitter ses terres écossaises. Je pense qu’elle a souhaité passer ses derniers jours où elle se plaisait le plus, dans une atmosphère calme et paisible.
- Vous habitez en France depuis de nombreuses années, mais que pensiez-vous de la Famille royale et de la Reine en particulier ?
La Reine était une femme très courageuse, et ce dès le début de sa vie. Elle s’est énormément impliquée dans l’effort de guerre au côté de sa sœur Margaret. Elle était adorée par tout le monde. Elle a toujours été très sincère dans tout ce qu’elle disait. Pour moi, elle a toujours essayé d’être très juste, de ne rien cacher. Elle a été très respectueuse, raisonnable et je l’admirais beaucoup pour ça. Elle représente l’Histoire du pays. La Reine va laisser un grand vide dans le cœur des Britanniques. Lorsque l’on voit toutes ces personnes faire la queue pour voir le cercueil de la Reine, ça ne veut dire qu’une chose : qu’elles ont été très touchées par sa disparition. Elle a eu une belle vie, elle était une grande dame.
- Vous avez vécu les 70 ans de règne de la Reine, quel est le moment qui vous a le plus marqué ?
C’est très certainement son couronnement. J’étais très jeune lorsque le roi George est décédé. Je me souviens que mon professeur nous avait annoncé la mauvaise nouvelle en classe. Tout le protocole après le décès du roi était incroyable et mémorable pour la jeune fille que j’étais. Puis, pour le jour du couronnement de la Reine, nous n’avions pas la télé. Nous l’avons suivi grâce à la radio. Mais c’est lorsque j’ai vu les images de son couronnement que j’ai compris ce que ça voulait dire ; sa dévotion, et son respect pour ce titre qu’elle n’était pas censée hériter. Et puis il y a quelque temps, la Reine a confié à quel point la calèche était inconfortable, ça m’a beaucoup fait rire.
- Et le roi Charles III sera bientôt couronné…
Je suis certaine que le peuple aurait souhaité que Charles abdique pour le prince William, c’est d’ailleurs ce que je souhaite au plus profond de mon cœur. Pour moi, William a hérité des bons côtés de sa grand-mère et de son père, surtout au niveau de l’écologie. William et Kate représentent la modernité de notre siècle et les traditions de la famille royale… Lorsqu’il était prince, Charles m’a toujours paru arrogant, ennuyeux, en décalage avec son époque et beaucoup trop sérieux. Mais maintenant qu’il est roi, il a promis devant son peuple de suivre les traces de sa mère, et qu’il allait se comporter comme tel. Il a son propre caractère, sa propre personnalité. Je pense qu’on va le redécouvrir en tant que roi, et c’est ce que j’espère pour la famille royale.
- Qu’imaginez-vous pour la suite du Royaume-Uni ?
La Reine était très respectée de ses ministres, parce qu’elle les respectait beaucoup aussi. Concernant l’indépendance de l’Écosse ou de l’Irlande du Nord, et même des pays du Commonwealth, je pense qu’on devrait tirer cette leçon du Brexit : l’union fait la force. En quittant l’Union européenne, le Royaume-Uni a fait un très grand pas en arrière et a été fragilisé de cette décision. Si en plus les pays du Royaume se séparent, l’Angleterre deviendra un tout petit pays et on sera ridicule sur la scène internationale.